S’il est une chose qui est constante ces dernières années avec les personnes de mon entourage qui ont des projets en tête c’est la notion de perfection de leur idée. Près de 80% des personnes avec qui je parle de projets et qui dans certains cas admirent le fait que j’ai réussi à mettre quelques projets sur pied, font ce que plusieurs auteurs anglo-saxons appellent “Paralysis by analysis”.
Paralysis by Analysis ou encore la paralysie par l’analyse marque le fait qu’une personne porteuse d’une idée se perde dans le développement et le perfectionnement de son idée au point d’arriver à un point de perfectionnement qui ne lui donne aucune chance de commencer le projet.
Dans ce billet je veux parler de ce concept appliqué aux petits projets informatiques et proposer une approche de solution pour ceux qui se reconnaissent dans cette paralysie. Je discuterais du concept appliqué aux projets de façon générale dans un futur billet.
L’idée de ce blog m’est venue après une discussion avec un ami d’enfance vivant au Cameroun qui me parlait de son projet. Je ne donnerais pas les détails de son projet mais il s’agit d’un projet d’application web de gestion informatisée des écoles primaires.
Conditions de départ trop contraignantes
Ce qui m’aura le plus marqué dans cette discussion c’est l’ensemble des éléments qu’il définissait comme conditions minimales pour démarrer avec l’implémentation du projet. En quelques points (top 5) ça donnait ceci :
- 50 fonctionnalités documentées et complètement structurée.
- 5 développeurs employés à plein temps
- Un bureau
- Une entreprise enregistrée
- Un personnel total de 12 pour pouvoir mener le projet en peu de temps à la solution finale.
En se limitant au premier point, ma première question était de savoir si les 50 premières fonctionnalités devraient absolument être nécessaires pour les utilisateur des le premier jour ? à l’évidence la réponse fut NON.
Ceci illustre bien un des grands challenges de notre époque. Nous vivons dans une ère où vous pouvez avoir une idée le matin et la voir implémentée le soir. Tout va très vite, et nous ne pouvons plus nous permettre de prendre notre temps (Perdre du temps) pour quelque raison que ce soit. A tous ceux qui se reconnaissent dans la description ci-dessus, j’ai deux conseils à partager avec vous.
A l’ère du consommateur, il faut le laisser orienter le développement
Plus que jamais, un produit ou service que vous développez dans le domaine informatique peut être obsolète du jour au lendemain s’il ne correspond pas au désirs changeants des consommateur. De plus dans notre environnement en Afrique, les utilisateurs sont passés sans transition de “Pas de ligne de téléphone fixe” au mobile et maintenant directement à la 4G dans passer par toutes les étapes des pays occidentaux.
Il faut donc s’attendre à ce que d’une part, les utilisateurs ne se comportent pas pareillement avec les solution informatiques qui conçues pour l’Europe. D’autre part les habitudes culturelles étant différentes, il faut se donner le temps de comprendre le besoin du réel du client afin de customiser la solution initialement pensée. En plus, pourquoi mettre 50 fonctionnalités à une personne qui essaie encore à peine de comprendre ce que c’est qu’un smartphone ?
Vous l’aurez compris, je ne recommanderais pas penser et implémenter absolument toutes les fonctionnalités auxquelles vous avez pensé avant de vous lancer.
A l’ère du digital il faut commencer petit et grandir rapidement
Toute solution aussi complexe soit elle a toujours son top 5 des fonctionnalités vitales. Commencez par celles là laissez vous guider par les besoins du client. Si vous pouvez comme mon ami développer vous même les 5 premières fonctionnalités, pourquoi attendre d’avoir le financement pour monter toute l’équipe qui viendra développer les 50 fonctionnalités ?
Petite analyse comparative :
D’une part : vous prendrez plus de 6 mois pour trouver les moyens de mettre l’équipe des 50 fonctionnalités pour produire une solution. celle ci sera probablement utile à 30% à l’utilisateur(Quel pourcentage du potentiel de notre smartphone est utilisé par chacun de nous ?). Ce qui veut dire qu’il vous faudra 6 mois au moins pour mettre votre produit dans la main de vos clients.
D’autre part, en produisant vous même le top 5 des fonctionnalités en 2 semaines, vous avez beaucoup plus de chance d’avoir l’avis de vos clients à la troisième semaine. Et sur cet avis vous saurez les 5 prochaines fonctionnalités à développer. au bout de 6 mois, peut être vous serez à 40 fonctionnalités mais au moins le besoin sera supérieur a 80% car vous aurez produit à la demande du client.
Je vous laisse le soin de conclure sur le choix que vous ferrez. Mais gardez bien en tête qu’il est probable que la concurrence utilise l’un ou l’autre des moins.
Une astuce pour les porteurs de projet IT
En gestion de projet informatique, il existent plusieurs approche de suivi. Parmi elles on compte “Waterfall” et désormais “SCRUM”. Si vous êtes porteur d’un projet informatique, que vous soyez développeur ou non, et que ces deux termes vous sont inconnus. Je vous invite à vous documenter sur ces concepts. La vidéo suivante vous donne une idée du fonctionnement de SCRUM et pourquoi il peut être mieux adapté à certains projets.
L’importance et la récurrence de ce sujet dans mes discussions me rend passionné des techniques pour rapidement passer de l’idée à la réalisation des projets. Si le thème vous intéresse et si vous partagez la même passion , n’hésitez pas à laisser un commentaire ou à me contacter bertrand@foffe.cm
PS : la vidéo est en anglais, si vous ne vous êtes pas encore mis à l’anglais c’est le moment. Je suis de ceux qui pensent que c’est la langue du savoir. 🙂
Ton ami là ne vivait pas par hazar en Suisse 🙂